Dans une interview accordée au quotidien britannique The Sun, Salomon Kalou évoque les évènements qui ont secoué son pays natal, mais aussi son parcours avec les Blues cette saison.
L’année dernière, la Côte d’Ivoire a connu une énième crise politico-militaire qui avait plongé le pays dans le K.O et fait des milliers de morts. C’est pourquoi, si l’attaquant des Blues remporte la Ligue des Champions ce soir, il dédiera cette victoire à tous ses proches restés en Côte d’Ivoire et à qui il a apporté son soutien moral et financier durant le conflit.
- Kalou, l’ivoirien
Issu d’une fratrie de 10 enfants, l’international ivoirien a toujours consacré une partie de son salaire pour le bien-être de sa famille, restée en Côte d’Ivoire. Pendant le conflit, il essayé de mettre les siens à l’abri. Ça a été chose faite, même si cela a pris plus de temps pour son père et quelques amis restés bloqués au coeur du conflit . Une situation angoissante pour le joueur qui suivait les évènements depuis Londres, comme il l’a confié a The Sun
J’ai réussi à envoyer ma mère et mes sœurs dans une maison au Togo [pays limitrophe de la Côte d’Ivoire]. Mon père et mes amis allaient faire de même mais la guerre a éclaté et ils étaient complètement bloqués. J’ai eu peur pour eux. J’ai passé des jours entiers au téléphone et sur Internet. Je suivais les news toutes les heures. Parfois, je ne pouvais pas localiser mon père, ni même lui parler pendant une semaine. Il était dans une zone dangereuse, tout comme la majorité de mes amis. Maintenant, en y repensant, je suis heureux qu’ils aient tous survécus.
Bien que le joueur évolue à l’étranger depuis de nombreuses années, il reste attaché à la Côte d’Ivoire et s’implique dans la vie de son pays natal. En 2010, il a même crée la Fondation Kalou qui a pour but de récolter de l’argent pour l’éducation et la santé.
Je suis chanceux, je vis à Londres et j’ai une belle maison à Cobham. Mais, comme Didier Drogba, mes racines sont en Côte d’Ivoire.
En ce moment, la paix règne dans le pays mais je ne sais pas pour combien de temps. Les Japonais sont habitués aux tremblements de terre de temps à autre. Nous, Africains, sommes confrontés aux guerres civiles. Les gens en Afrique ne sont pas tous éduqués comme ici, donc ils ne se rendent compte qu’ils sont manipulés par ceux qui ont du pouvoir.
C’est pourquoi je me bats pour l’éducation en Côte d’Ivoire. Je veux qu’autant de personnes que possible puissent comprendre les choses de la vie. J’ai, tout d’abord, construit une clinique pour les personnes souffrant de troubles rénaux et gastriques. Il n’y avait qu’un seul endroit pour les dialyses en Côte d’ivoire. Les gens devaient arrêter de travailler pour aller là-bas.
- L’indispensable remplaçant des Blues.
Loin du cliché du joueur « bling-bling » et près de ses sous, Salomon Kalou reverse régulièrement une grande partie de l’argent accumulé durant sa carrière à ses proches et des associations. Pour lui, plus que l’argent, c’est le réussite qui prime dans le football.
Beaucoup de joueurs ralentissent une fois qu’ils sont millionnaires. Ils arrêtent de s’entraîner, ils commencent à faire la fête, ils achètent des choses ridicules. Ces joueurs finissent avec une vie minable.
J’avance grâce à l’envie de réussir. Le luxe, je m’en moque. J’ai voulu être footballeur professionnel parce que j’aimais gagner des trophées. Voilà pourquoi je suis venu à Chelsea.
Ce soir, il commencera surement le match sur le banc de l’Allianz Arena. Une situation qui ne le dérange pas et dont il ne s’est jamais plaint. Comme il l’explique, cela le pousse à travailler plus dur pour pouvoir mériter sa place sur le terrain.
[Me plaindre] ce n’est pas mon style, Je dois gagner le respect de l’entraîneur sur le terrain. Je veux avoir du temps de jeu, seulement si l’entraîneur pense que je mérite de jouer.
Gagner la Ligue des Champions permettrait de récompenser le « noyau dur » de Chelsea, ces joueurs qui évoluent au club depuis un bon nombre d’années et sans qui, une telle performance n’aurait pas été possible comme le souligne l’ancien joueur de Feyenoord arrivé à Chelsea en 2006.
Nous voulons écrire l’histoire avec ce groupe de joueurs et tu peux le faire seulement si tu as un noyau dur dans l’équipe, des joueurs qui ont joué ensemble depuis longtemps. Les gens oublient que Drogba, Terry, Mikel, Essien, Malouda, Lampard, Ferreira, Cech et Cole jouent ensemble depuis longtemps maintenant.
On se connaît tous très bien. Si tu ramènes de nouveaux joueurs à Chelsea, ça ne me marchera pas. Nous sommes sur le point de pouvoir couronner cette philosphie qui règne à Chelsea.
En plus des joueurs, une victoire permettrait aussi de souligner le travail colossal effectué par Roberto Di Matteo. Rappelons que le technicien italien avait pris ses fonctions en Mars dernier, après l’éviction d’André Villas-Boas dont il était l’assistant. Pour l’attaquant de 26 ans, Di Matteo est la clé du parcours de Chelsea en Ligue des Champions.
Di Matteo a tout changé durant cette saison. Il a prêté de l’attention à chaque joueur en expliquant clairement qu’on aurait tous notre chance. Il a aussi fait en sorte que nous nous battions et s’est assuré que nous restions un groupe de joueurs soudé.
Pour moi, ça a marché. Avec Andre Villas-Boas, je jouais difficilement un match. Parfois, j’ai même fini dans les tribunes. J’ai eu peur de suivre la même direction qu’Alex et d’être obligé de partir. Mais Di Matteo pensait que je méritais une autre chance et je l’ai eu parce que j’ai travaillé dur.
- Et s’il était le héros de la soirée?
Quand on parle de l’attaquant ivoirien de Chelsea, on pense généralement à Didier Drogba, et pourtant en 1/4 de finale aller face à Benfica, c’est Kalou qui marque le seul but de la soirée et donne l’avantage aux Blues. Pour ce dernier, ce but démontre à quel point il peut être décisif quand il le faut et déclare être prêt à renouveler l’expérience face à Munich si l’occasion s’offre à lui.
Je suis fier d’avoir contribué à la qualification en finale en marquant durant le quart de finale face à Benfica. J’ai tout gagné à Chelsea si ce n’est la Ligue des Champions. Mais j’ai joué la finale de 2008 et je me servirai de cette expérience à Munich.
Durant mes années à Chelsea, j’ai été en concurrence avec de grands noms comme Shevchenko, Pizarro, Crespo, Drogba, Anelka, Torres, et pourtant je suis toujours là et je marque des buts. Mais tout le monde sait que si nous avons besoin d’inscrire un but vraiment important, je rentrerai et je marquerai.